De Terminator à Matrix en passant par DeepMind qui surpassa l’homme au jeu de go en 2016, l’intelligence artificielle (IA) est souvent présentée par ses extrêmes dans les médias ou les divertissements. Mais la réalité opérationnelle de l’intelligence artificielle est bien moins sensationnaliste et beaucoup plus nuancée. Comme les autres révolutions technologiques, la mise en place de l’IA se fera :
- Progressivement,
- par l’accompagnement des hommes au changement,
- avec des technologies fiables et compréhensibles.
Pour approfondir le sujet, nous avons suivi la conférence d’Erica Volini, Global Human Capital Leader chez Deloitte au CES de Las Vegas « Jobs to Super-Jobs: The Impact of AI » .
Pour Erica, l’intelligence artificielle ne doit pas être vue comme un potentiel remplaçant à l’homme mais comme un moyen d’améliorer les capacités humaines.
Il s’agit avant tout d’automatiser des tâches répétitives d’une part, et de faciliter les tâches d’analyses d’autre part.
Cela entraînera inévitablement une réallocation des ressources humaines vers des tâches à plus grande valeur ajoutée. Ce changement doit être l’occasion de remettre du sens dans le travail, sens qui est si recherché par les générations Y et Z (et plus largement d’ailleurs !).
Le métier d’AppDesigner n’existait pas il y a 15 ans et nous ne connaissons pas encore les métiers de demain. Ils naîtront de notre capacité à utiliser de manière pertinente l’IA[1].
Et ce, dans tous les secteurs (santé, banque, industrie) et dans de très nombreuses fonctions, notamment la Supply Chain. Le potentiel technologique et économique est donc énorme. Selon un rapport de Venture Scanner[2], ce n’est pas moins de 2 500 startups dans tous les domaines qui se sont lancées dans le développement de l’intelligence artificielle avec plus de 70 milliards de dollars de fonds levés depuis les débuts de ces technologies.
Dans le transport par exemple, la mise en place progressive des véhicules autonomes va changer les modes de consommation pour aller vers une uberisation de la fonction transport, et à terme, vers la disparition pure et simple des chauffeurs pour les transports sans complexité. Kai Fu Lee, un des gourous de l’intelligence artificielle, estime que cela arrivera d’ici 15 à 25 ans.
Cependant, les applications de l’intelligence artificielle dans la Supply Chain sont bien plus larges.
Des problématiques clés de la Supply Chain sont déjà adressées par l’IA :
des acteurs comme Kardinal.io sur l’optimisation de tournées ou comme prévision.io sur la prévision des ventes offrent des optimisations non négligeables pour les capacités de transports et pour la gestion des stocks.
Au-delà de ces applications, on voit arriver à maturité des outils de mise à jour automatique des bases de données, de gestion de stocks d’un point de vue global avec une optimisation multisite intelligente et non plus gérée à chaque site de stockage…
Toutefois, la relative opacité de l’IA effraie encore et la défiance envers ses algorithmes explique la réticence des décideurs à s’y engager. Une fois ces barrières au niveau du management passées et le projet d’IA lancé, c’est la méfiance des équipes qui limite les gains opérationnels : on se retrouve alors dans une situation destructrice de valeurs par manque d’accompagnement des équipes. Pour que les équipes puissent percevoir l’intérêt et la pertinence des nouveaux modèles, encore faut-il leur en donner le temps et les moyens. Google a ainsi créé la surprise en annonçant en novembre 2019 ouvrir partiellement les critères de ses algorithmes. L’objectif de Google est clair : instaurer de la confiance auprès des utilisateurs. D’un point de vue plus global, de nombreux think tank plaident pour la mise en place de règles éthiques internationales sur l’usage de l’intelligence artificielle (à la manière des lois d’Asimov sur la robotique).
La réussite de l’Intelligence Artificielle dans la Supply Chain s’appuiera par conséquent sur des technologies transparentes et sécurisées (non hébergées dans des serveurs à l’étranger pour garantir la sécurité des entreprises) auquel on associe un fort accompagnement au changement. Selon moi, l’IA va générer des leviers de différenciation tels qu’ils justifient des investissements importants. Par ailleurs, il est certain que les entreprises qui vont engager la démarche dès maintenant garderont longtemps une longueur d’avance. Mesdames et messieurs les dirigeants, votre organisation est-elle prête pour l’intelligence artificielle ?
Pour en savoir plus, découvrez les missions data que nous avons récemment menées auprès de nos clients :
[1] Etude de Dell et du think tank « l’Institut du Futur »
[2] https://www.venturescanner.com/artificial-intelligence/