Mardi 8 janvier, le CES (Consumer Electronic Show) à Las Vegas donne son top départ et ouvre ses portes à tous les participants. Notre équipe commence donc son marathon de 4 jours à la recherche d’idées et de technologies inspirantes. Elle s’est rendue, entre autres, à la conférence « AI in enterprise : combining enthusiasm with execution », animée par Jeff Loucks, Executive Director, Deloitte Center for Technology, Media and Telecommunications. Notre équipe a décidé de prendre à nouveau la plume, et de retranscrire cette conférence en intégrant à la fois leurs commentaires et points de vue sur le sujet.
L’intelligence Artificielle est partout : elle effectue des diagnostics médicaux, créé des œuvres d’art, conduit nos voitures, joue aux échecs… En somme, elle est bien « réelle ». Pourtant, elle s’est d’abord imposée dans nos imaginaires, et réveille encore en nous des fantasmes négatifs, évoquant des scénarios où les robots détruisent l’humanité toute entière. Alors quand elle débarque dans nos entreprises, elle peut faire peur !
De fait, l’Intelligence Artificielle est aussi bien perçue comme une menace que comme une opportunité, en démontre une étude menée par Deloitte et présentée par Jeff Loucks à l’assemblée venue assister à sa conférence. D’après celle-ci, « 56% des répondants estiment que l’IA va permettre de transformer l’entreprise dans les 3 prochaines années » et « 37 % pensent qu’elle transformera toute l’industrie ».
Même si la mise en place de l’Intelligence Artificielle n’est pas encore une réalité dans certains secteurs, elle est aujourd’hui reconnue comme une révolution positive. Cette technologie améliore l’analyse des données, enrichit la relation client, constitue une aide à la décision et, in fine, « optimise les processus internes ». Jeff Loucks semble convaincu : les entreprises augmentées sauront, grâce à l’Intelligence Artificielle, s’imposer et prendre le lead. Et c’est loin d’être le seul : la majorité des répondants perçoivent cette technologie comme un moyen de booster la compétitivité de l’entreprise.
Aux yeux de Jeff Loucks, l’Intelligence Artificielle est donc un « disrupteur » pour les entreprises. Elle apporte de nouveaux services aux clients et peut se révéler très bénéfique pour la Supply Chain : prédiction des ventes pour de meilleurs approvisionnements, optimisation des tournées, des déplacements et des organisations en entrepôt, etc. La mise en place de modifications aussi structurantes dans l’entreprise « impliquent de fait de nouveaux modes de travail » car l’Intelligence Artificielle ne travaille pas à la place de l’humain, mais bien avec l’humain. Il faut donc apprendre « à travailler ensemble ». Si nous avions simplement équipé un taxi traditionnel de cette technologie, nous n’aurions pas créé Uber, mais seulement amélioré l’équipement de ce type de véhicule. La révolution de l’Intelligence Artificielle passe avant tout… par l’évolution même de nos pratiques !
Au-delà de l’effet « waouh » de cette technologie se cachent en réalité de véritables opportunités business pour l’entreprise. La preuve avec sa présence dans les innovations B2C : on a tous de l’Intelligence Artificielle entre nos mains rien qu’avec nos Smartphones ! Elle modifie ainsi les pratiques, voire le business model des entreprises.
Certes, cette technologie nous décharge de nos tâches chronophages, mais elle élargit aussi et surtout le champs des possibles et améliore notre proposition de valeur envers les clients. Elle produit, entre autres, des insights pour mieux cibler nos leads commerciaux et prendre des décisions impactantes grâce à toutes les datas qu’elle est capable de récolter. Bien que les entreprises soient toujours en train d’identifier des cas d’usage à ce sujet, « leurs investissement sur des projets en Intelligence Artificielles progressent », et « le ROI est au rendez-vous ». Bref, bien plus qu’une addition d’évolutions économiques, l’Intelligence Artificielle est une lame de fond susceptible de bouleverser tous les secteurs d’activités.
Mais cette technologie pose aussi question. L’entrée de l’Intelligence Artificielle dans l’entreprise doit de toute évidence se faire de façon éthique, en imposant une régulation spécifique et en garantissant la confidentialité des données personnelles. Sans craindre un scénario futur à la « Terminator », il faut anticiper ce type de problématique. Une politique de cybersécurité s’impose donc, comme dans toute nouvelle technologie fortement consommatrices de datas, et dès le début du projet de mise en place d’Intelligence Artificielle. D’autres questions, de l’ordre moral, viennent émerger : « Que se passe-t-il si un robot fait une erreur ? » demande notre speaker. Doit-on blâmer l’homme, ou la machine ? Les erreurs ne sont-elles qu’humaines, ou peuvent-elles aussi venir de la machine ?
Afin d’alerter les collaborateurs sur ces problématiques-là, il faut imposer une véritable transition en entreprise pour accompagner l’évolution des pratiques en entreprise. « Un projet d’Intelligence Artificielle nécessite de développer la rigueur opérationnelle et une forte conduite du changement » explique Jeff Loucks. Non seulement, la mise en place de l’Intelligence Artificielle doit se faire de manière progressive, mais les entreprises doivent aussi et surtout placer les collaborateurs au cœur de leur préoccupations. Dès lors, il faut accompagner les salariés en les formant à leurs nouvelles missions, et en couplant « les compétences techniques aux compétences projets » afin qu’ils s’adaptent à l’évolution de leur rôle.
Conclusion ? Mettre en place une Intelligence Artificielle en entreprise peut sembler chose facile, or elle devient vite un sujet complexe. Faire de l’Intelligence Artificielle pour la transformer ensuite en business ne suffit pas : il faut que cette technologie élargisse les champs des possibles et s’accompagne d’un changement culturel.