Entre la crise climatique et celle du coronavirus, le besoin de repenser les modèles économiques des entreprises se fait de plus en plus pressant. Et les Supply Chain ont un rôle essentiel à jouer pour soutenir ces évolutions ! La Closed Loop Supply Chain est une option majeure à explorer pour optimiser la performance économique et écologique de la Supply Chain. Ce concept désigne une Supply Chain capable de générer un minimum de déchet grâce au traitement des produits en fin de vie. Il permet l’économie de matière première (dans un monde aux ressources limitées) et l’allongement de la durée de vie des produits.
Trois piliers pour gérer le retour des produits usagés
Tous les discours appellent à mieux utiliser les ressources, à privilégier le recyclage et de manière générale, à réduire le gaspillage individuel et industriel. Transport, emballage, déchet… certains secteurs d’activité comme le BTP et les producteurs de produits électroménagers, étant tenus par des réglementations strictes d’assurer la gestion de leurs déchets, ont déjà amorcé cette transformation de leur Supply Chain afin de faire de ce centre de coût un centre de profit. Que cela signifie-t-il concrètement pour le secteur de la logistique et de la Supply Chain ?
Afin de « boucler la boucle » du cycle de vie du produit, les acteurs peuvent mettre en œuvre trois plans d’action complémentaires.
La gestion des retours de produits utilisés vise à récupérer les produits en fin d’utilisation en quantité et en qualité suffisante, dans un délai donné. Parmi les options possibles on trouve :
- La politique de location (ou leasing) qui consiste à louer un produit pour une durée déterminée. Ce moyen permet le meilleur taux de retour de la part du client ainsi qu’un meilleur contrôle sur la dégradation du produit retourné.
- L’incitation financière interne où l’on offre un bon d’achat à chaque client qui rapporte le produit.
- L’incitation financière externe qui nécessite d’aller récupérer le produit directement chez le client, qui obtient alors une remise sur le remplacement de ce produit ou parfois même une compensation financière.
« Cette étape de logistique inversée repose notamment sur la prise en compte des habitudes et des attentes du consommateur et doit être imaginée et réalisée main dans la main avec les départements en charge de l’expérience client et du SAV » insiste Jean Damiens, Expert Supply Chain chez adameo.
Vient ensuite le moment de la revalorisation des produits utilisés qui permet d’identifier l’option de recouvrement la mieux adaptée à chaque produit. Il faudra alors choisir entre la réutilisation (si les produits ne nécessitent pas de réparation), le reconditionnement (pour ceux trop usés) et le recyclage (lorsque la qualité du produit retourné ne permet pas de réparation).
Enfin, le développement d’un marché pour les produits reconditionnés est essentiel : c’est lui qui assure la rentabilité des deux premiers piliers. En effet, pour être à la fois durable et responsable, une Supply Chain doit répondre aux trois dimensions du développement durable : la dimension sociétale, environnementale et économique. L’un ne va pas sans l’autre et le coût de la récupération des produits est encore trop souvent un frein. La logistique de retour (ou la logistique inversée) est un chainon indispensable de l’économie circulaire, mais elle doit être pensée dès la conception du produit pour être efficace et rentable. On parle là d’éco-conception.
Une implémentation complexe qu’il est possible d’anticiper
Sur le papier, tout peut sembler simple ! Il existe pourtant de nombreux écueils qu’il faut connaître et anticiper afin de parvenir à transformer sa démarche de gestion des produits retournés un véritable avantage compétitif.
- Adaptation des infrastructures : adaptation des plateformes de communication avec le client afin de favoriser le retour des produits en fin d’utilisation, création d’une plateforme de test et de tri ou recherche de prestataire externe, adaptation des centres de production à l’activité de reconditionnement.
- Complexification des flux et traçabilité: l’apparition d’un flux de produits retournés au sein d’une Supply Chain implique une hausse des coûts d’inventaire et souligne l’importance de conserver une bonne traçabilité des flux circulants.
- Relations fournisseurs : le reconditionnement rimant parfois avec réduction des volumes de matières premières nécessaires, il peut s’opposer aux intérêts des fournisseurs. Pour y faire face, les fournisseurs peuvent imposer une augmentation de leur prix qui modère les retombées économiques espérées. Collaborer avec les partenaires externes dès le début de la réflexion permet bien souvent de faire émerger les meilleures idées tout en préservant les intérêts de chacun.
- Cannibalisation: dans la plupart des cas, les produits reconditionnés sont fabriqués à partir de produits neufs issus d’un premier marché. Le marché secondaire est donc tributaire de ce premier marché. Lorsque le marché secondaire rencontre un plus grand succès que le premier marché, on parle de cannibalisation. Dès lors, le premier marché affaibli ne permet plus de répondre à la demande du second. Le choix des prix de vente des produits reconditionnés est donc un enjeu capital pour anticiper ce phénomène.
- Conduite du changement: tout changement nécessite une évolution des habitudes pour tous les acteurs de l’entreprise qu’ils soient opérateurs, personnels administratifs ou cadres. La formation, l’engagement de l’ensemble des collaborateurs (qui sont également des citoyens concernés par les questions environnementale) et l’implication de l’équipe de direction dans ce projet sont autant de pistes pour en garantir le succès.
De nombreux freins sont à lever pour mettre en place une démarche de Cloosed Loop Supply Chain mais les gains attendus sont gros : meilleure performance économique et environnementale, tout en enrichissant son offre de service envers une clientèle pour qui les enjeux climatiques et sociaux sont devenus primordiaux.
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Rédigé par Grégoire Lafitte, consultant adameo