Quelles grandes tendances se dessinent dans le paysage Supply Chain pour rythmer cette nouvelle année ? Selon les experts adameo, 2022 sera (encore) placée sous le signe des pénuries de matières première et de talents, de l’automatisation, de la logistique urbaine et de l’omnicanalité.
Tendance 1 – Les pénuries de matières premières ne font que commencer
Fret maritime chaotique depuis la COVID-19, reconfinements sanitaires d’usines ou de ports en Asie, crise de l’énergie en Chine mettant les productions au ralenti, pénurie et envolée des prix de matières premières… Amorcées pendant la crise de la COVID-19, les pénuries seront bien toujours présentes en 2022. L’arrêt mondial et la forte reprise qui a suivi ont totalement désorganisé les flux mondiaux fournisseurs-acheteurs, accentuant les ruptures dans de nombreux secteurs. Depuis deux années maintenant, les chaînes d’approvisionnement mondiales peinent à se réinventer et chaque imprévu fragilise l’activité.
L’exemple des puces électroniques est le plus connu : la demande n’a cessé d’augmenter avec une croissance estimée à 17% en 2022 (selon Roland Berger) entrainant des délais de livraison pouvant atteindre 10 à 20 semaines. La crise dans les secteurs du bois et de l’aluminium sont d’autres illustrations des dérèglements logistiques récents. Après une période de ralentissement en 2020, la demande de bois a très fortement augmenté dans le monde pour répondre aux besoins de rénovation et de construction. Et les usines de production de bois qui manquent de main d’œuvre se sont trouvées saturées ! Le fameux « effet bullwhip » a ensuite engendré une pénurie de papiers. En effet, la baisse des abattements d’arbres depuis le début de la crise de la COVID-19 a entraîné un affaiblissement de la production de papier. La pénurie d’acier retarde quant à elle fortement la construction de nouveaux entrepôts logistiques, de racks ou de mezzanines ainsi que tous les projets de mécanisation. À ce jour, les délais d’approvisionnement se sont fortement allongés avec des prix qui se sont envolés à plus de 70% en un an.
Il existe au moins deux solutions qui nécessiteraient une refonte des organisations logistiques des entreprises. Préférer les circuits courts en sourcant des fournisseurs qui se situent à proximité, mais cette solution n’est malheureusement pas toujours adéquate lorsque l’on parle de matières premières. Sinon, augmenter les stocks de sécurité quand il est possible de le faire mais cela aurait un impact non négligeable sur le coût d’immobilisation des marchandises.
Retrouvez ici notre webinar « Comment mieux supporter les aléas d’une Supply Chain sous haute tension »
Tendance 2 – L’automatisation des entrepôts est en marche
Aucun professionnel de la Supply Chain ne devrait pouvoir « échapper » en 2022 au sujet de l’automatisation. Mais pourquoi l’automatisation des entrepôts est-elle en train de s’accélérer ?
- Elle permet de gagner en productivité et en rentabilité, pour répondre à l’explosion du e-commerce et à l’augmentation drastique du nombre de préparations de commandes en entrepôts qui lui est associée.
- Elle permet de pallier un déficit de main d’œuvre qualifiée et d’améliorer les conditions de travail en réduisant les TMS (troubles musculosquelettiques) et la pénibilité du travail (tensions sur les ressources humaines).
- Face à un marché de l’immobilier très tendu, elle permet de disposer de davantage d’espace de stockage en réduisant les zones réservées aux activités humaines.
- De nouvelles technologies plus flexibles et accessibles financièrement sont apparues. Des solutions moins invasives et plus modulaires sont désormais disponibles, et avec elles les temps de déploiement des projets se sont fortement réduits. Le Robot As a Service (RAS) propose par exemple un business model où il est possible de déployer une solution robotisée à la demande afin de pallier les pics saisonniers.
En 2021, nous avons déjà constaté chez nos clients une forte croissance des projets d’automatisation d’entrepôts. Et pour chaque projet, des décisions clés doivent être prises : changer les infrastructures ? Faire évoluer le SI ? Choisir une solution modulaire que l’on fera grandir ? Recruter de nouvelles équipes ? Automatiser tout ou une partie des activités de l’entrepôt ?… Les professionnels devront prendre garde à dimensionner le projet par rapport à la stratégie de l’entreprise et à ses perspectives de croissance.
Tendance 3 – La transformation des actifs immobiliers en hubs logistiques
La hausse croissante du e-commerce (et en arrière-plan du fast-commerce) fait la part belle à la distribution. La livraison est devenue l’un des principaux leviers de satisfaction client pour les entreprises. Proposer des délais de livraison de plus en plus courts implique un déplacement des stocks au plus près des consommateurs. Le schéma actuel d’entrepôts en périphérie de ville ne répond ainsi plus aux attentes en termes de rapidité, de rentabilité économique et également d’impact écologique car ce ne sont pas moins de 20% des coûts du transport qui sont imputés à ce que l’on appelle le « dernier kilomètre ». Il devient ainsi stratégique d’optimiser la chaîne de distribution, et la transformation des actifs immobiliers en hubs logistiques pourrait être une solution.
Ce sont de nouveaux modèles qui doivent être pensés et, en 2022, il va falloir être créatif pour « recycler » des actifs immobiliers que l’on n’avait pas imaginés servir à des activités logistiques (des parkings par exemple). Un magasin peut ainsi servir de zone de stock avancé (dark store) afin d’assurer des réserves, de même que d’anciens bâtiments peuvent être transformés en drive piétons automatisés permettant un retrait de commande sur des plages horaires plus larges (8h-22H).
Les innovations ont déjà commencé et nous pouvons citer le système automatisé de micro-préparation de commande installé par AutoStore en 2021 dans des locaux de La Poste en plein cœur Paris.
Retrouvez ici notre webinar « E-commerce : rapprocher les stocks des consommateurs pour répondre à leurs attentes – AutoStore & Hardis »
Tendance 4 – Les entreprises manquent de talents, à tous les niveaux
Même si la « Grande démission » américaine n’a pas encore touché le marché français, un des enjeux clés de 2022 sera sans aucun doute la pénurie de main d’œuvre à tous les étages des organisations.
Dans les entrepôts tout d’abord : pour construire un nouvel entrepôt, on sélectionne aujourd’hui la localisation en priorité, selon la richesse du bassin d’emploi. Face aux coûts et aux conséquences engendrés par la pénurie de ressources humaines, la connexion à un réseau de distribution efficace va de plus en plus devenir un critère secondaire. Pour recruter en 2022, il faudra proposer aux techniciens et agents non seulement des salaires en augmentation par rapport aux années précédentes, mais également garantir de bonnes conditions de travail et une pénibilité réduite. Les entreprises auront largement recours à l’automatisation pour répondre à ces attentes (on revient sur la Tendance n°2 que nous avons déjà identifiée, et la boucle est bouclée !).
Les recruteurs seront également mis à mal pour attirer des managers et des dirigeants, autant que des experts en systèmes d’information de la Supply Chain. Les talents expérimentés sont aujourd’hui en position de force sur le marché du travail et pour les convaincre de rejoindre votre entreprise, il va falloir recruter plus vite, plus cher et proposer des modes et des méthodes de travail réinventés. Que l’on parle ici de plus d’autonomie, plus de télétravail ou plus de mobilité interne, chaque entreprise devra définir l’équilibre qui correspondra le mieux à sa culture et à ses ambitions.
« Télétravail » devrait d’ailleurs rester un des mots clés de cette année. 74% des salariés dans le monde et 60% des Français ne veulent pas revenir à une organisation traditionnelle du travail. Ce phénomène implique déjà de devoir former les managers à la gestion de leurs équipes à distance. La relation manager – collaborateur devra être basée sur la confiance bien plus qu’elle ne l’est actuellement. Le résultat, les rendus devront primer sur le taux de présence sans que ne soit abandonnée la reconnaissance liée au savoir-être.
Tendance 5 – Des Supply Chain de plus en plus matures face à l’omnicanalité
Le e-commerce ne va pas s’arrêter en 2022 : d’après le dernier rapport de la Fevad, le second trimestre 2021 a observé une hausse de 25 % des ventes en ligne au global, et de 30 % pour les marketplaces. De nombreuses organisations ont fait face à des ruptures lors des deux dernières années et n’ont pu que constater les limites de leurs Supply Chain. Les PME qui sont devenues des ETI grâce à la croissance des ventes en lignes vont désormais devoir professionnaliser leurs opérations, repenser leur organisation et tirer profit des nouvelles technologies afin d’atteindre le graal de l’omnicanalité.
La Supply Chain va donc devenir un axe stratégique dans toutes les entreprises où elle ne l’était pas encore. Selon nous, quatre questions prioritaires se poseront alors :
- Quel nouveau schéma directeur définir pour offrir la meilleure expérience client possible ?
- Externalisation ou internalisation des activités logistiques ?
- Comment décloisonner les systèmes d’information (OMS, WMS, CRM, InStore…) pour obtenir une information fiable et homogène sur les stocks ?
- Comment recourir aux outils prédictifs (data science ou intelligence artificielle) pour mieux anticiper la demande des clients ?
La relation entre la qualité de l’expérience client et la performance de la Supply Chain est indéniable. Par exemple, de nouvelles solutions SaaS WMS et TMS, plus agiles et mieux interconnectées, permettent désormais aux distributeurs une plus grande traçabilité de leurs opérations pour répondre aux exigences croissantes des consommateurs en matière de livraisons.
De manière générale, les entreprises devront adapter leur manière de travailler pour aller vers plus de collaboration et plus de flexibilité. Pour obtenir une Supply Chain la plus efficace possible, il faudra notamment accepter de partager beaucoup plus largement les données au sein de l’entreprise. Dans un second temps, les données pourraient même devoir être mutualisées dans un écosystème plus large (fournisseurs, partenaires, tiers de confiance…).
Retrouvez ici notre webinar « Les projets d’internalisation des flux logistiques peuvent-ils être vecteurs de rentabilité et d’amélioration du service client ? ».
Nous assistons à une transformation en profondeur des organisations, via des changements stratégiques à grande échelle dans le but d’accompagner la croissance et les évolutions de consommation, tout en limitant les coûts associés. Que ces changements concernent la façon de gérer les pénuries de matières, ou de main-d’œuvre, grâce à de nouveaux logiciels ou de l’automatisation, les bouleversements que nous connaissons depuis deux ans maintenant ne peuvent pas être considérés comme une parenthèse à oublier. Au-delà des changement structurels et organisationnels, ce sont bien les mentalités qui évoluent afin de coller davantage aux nouvelles exigences de plus en plus tournées notamment vers le respect de l’environnement.