« Petit à petit, la fonction passe du pompier qui intervient en urgence pour « éteindre le feu » à un poste davantage stratégique pour effectuer des missions qui ont une plus forte valeur ajoutée », explique Jean Baptiste Clouard, CEO de Flowlity.
La fonction d’approvisionnement est amenée à évoluer dans les prochaines années afin de s’adapter aux exigences du secteur en termes de digitalisation (nouveaux outils) et de taux de service. Ce métier doit composer avec un contexte logistique toujours plus instable, mettant aujourd’hui l’agilité au rang de compétence indispensable. L’approvisionneur de demain aura une place stratégique au sein de l’entreprise. Il est et sera d’autant plus le garant du maintien de son avantage concurrentiel.
Comprendre la fonction d’appro et la gestion de la chaîne d’approvisionnement
Le rôle de l’approvisionneur doit être mis en perspective avec la taille de l’équipe en place et la maturité de l’entreprise. Ses missions dépendent également fortement du secteur et des produits commercialisés. Par exemple, dans les petites structures, l’approvisionneur est souvent un « couteau suisse » qui peut revêtir d’autres casquettes.
Son objectif : gérer et optimiser les stocks, la disponibilité des produits et le taux de service tout en appliquant les conditions négociées précédemment par le service achat. Le challenge réside dans l’optimisation des coûts logistiques tout en passant commande selon les contraintes préalablement actées. Le quotidien de l’appro se traduit donc par le maintien d’un équilibre compliqué entre stock et rupture dans un environnement incertain. L’approvisionneur alloue également une grande partie de son temps à l’enregistrement et au passage des commandes. En règle générale, les approvisionneurs sont encore souvent dans la gestion de crise (réaction à des phénomènes non maîtrisés et non maîtrisables) et dans l’application des méthodes de recomplètement des stocks.
Les 3 soft skills et compétences de base de l’approvisionnement stratégique : le relationnel, l’agilité, la gestion des priorités
Pour être efficace dans la fonction appro, il existe un certain nombre de soft skills et compétences à maîtriser.
D’un point de vue des soft skills, la dimension relationnelle est primordiale : il faut posséder des talents de négociateur confirmé, être capable de parler à une multitude d’interlocuteurs avec des intérêts divergents et avoir un excellent relationnel. Le petit plus réside dans le fait d’avoir la capacité à être au courant de quasiment tout ce qu’il se passe dans l’entreprise, par exemple avoir une connaissance et une vision 360° des opérations marketing et commerciales.
Concernant les compétences purement métier, un bon approvisionneur doit être organisé, capable de gérer ses priorités, de résister à la pression et de faire en sorte de garantir la compétitivité de son entreprise. Enfin, l’approvisionneur doit mettre son intelligence au service de la compréhension des besoins du marché et son agilité au service de la satisfaction client.
Le développement de nouveaux outils de digitalisation de la Supply Chain qui impliquent d’acquérir un état d’esprit orienté data
Pour être performant, l’approvisionneur s’appuie de plus en plus sur de nouveaux outils innovants même si Excel reste largement utilisé. Malgré tout, le secteur assiste à l’apparition de nouveaux outils qui redistribuent peu à peu les cartes. La tendance est à la simplification du passage des commandes, du traitement des écarts grâce à un travail sur la prévision de la demande. C’est ici qu’intervient l’utilisation de l’Intelligence Artificielle pour effectuer des prévisions qui ne peuvent être réalisées par l’esprit humain. L’IA utilise des sources de données diverses et variées pour la prévision de forecast extrêmement précis qui prennent en compte les prévisions à la fois sur le passé et sur le futur. 90-95 % des commandes sont généralement reconduites automatiquement.
Cela signifie que toute une partie administrative assez répétitive du métier est diminuée au maximum permettant de libérer du temps pour des tâches à plus forte valeur ajoutée. Prise de décisions stratégiques, pilotage, réajustement des paramètres permettent à l’approvisionneur d’être dans l’anticipation plutôt que dans la réaction pour optimiser les stocks. Néanmoins, il faut encore beaucoup d’actions manuelles afin d’améliorer l’outil (par exemple mettre les bons paramètres et les bons coefficients pour avoir des résultats extrêmement précis). En raison de la complexité du marché et du nombre de références croissant, il est pratiquement impossible pour une équipe de tout géré manuellement.
Le profil de l’approvisionneur devient donc davantage « data et outil orienté ». Disposer des informations ne suffit pas, il faut savoir comment les obtenir et par la suite quoi en faire. Certains outils proposent une prise en charge de la partie paramétrages, d’autres non. Cela signifie pouvoir appréhender la digitalisation, travailler en synergie avec l’intelligence artificielle qui calcule des probabilités qui doivent par la suite être interprétées. Le point le plus important est l’accompagnement de l’appro par les éditeurs de logiciels pour l’aider à maîtriser l’outil et à interpréter les résultats pour prendre une décision éclairée. La maîtrise purement technique de la data est une compétence longue et complexe à appréhender et intégrer. Ce genre de profil est en conséquence très recherché.
Les défis futurs de la fonction de l’approvisionneur : gérer la qualité et l’analyse de la donnée
Malgré l’évolution positive du métier d’approvisionneur, de nombreux défis restent à adresser.
En effet, pour que les actions soient efficaces il faut avoir accès à un très grand nombre de données vérifiées et pertinentes provenant de sources diverses, internes mais également externes. Par exemple, il faut avoir accès aux données provenant de tout l’écosystème amont (partenaires & fournisseurs). L’IA n’a de sens qu’avec une harmonisation et une mutualisation des données. C’est justement cela qui est le plus compliqué à obtenir et le plus grand frein à la mise en place de solutions technologiques innovantes. L’approvisionneur reste seul maître à bord. L’outil doit rester une aide à la décision. Il restera toujours un certain nombre d’informations qui échapperont à la machine (par exemple un nouveau contrat). L’approvisionneur est au centre de cette interaction homme /machine.
De plus, toutes les entreprises ne sont pas au même stade d’avancement en termes d’innovation et de technologie. Pendant que certaines ont commencé leur processus de digitalisation il y a 10 ans voire 20 ans, d’autres travaillent encore majoritairement avec des fiches papier.
Il est donc nécessaire de concentrer les efforts sur la formation des équipes pour une maîtrise et une connaissance fine des outils afin d’optimiser leur utilisation. Ces formations constituent une étape dans un ensemble stratégique de conduite du changement. Le changement au sein des entreprises n’est possible que via l’évolution des mentalités et de la culture d’entreprise.
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