Quels défis et tendances vont rythmer les agendas des Directeurs Supply Chain et Directeurs des Opérations en 2023 ? Selon les experts adameo, les mois à venir seront placés sous le signe des schéma directeurs, des partenariats, de l’optimisation du transport, des données et de la logistique urbaine.
Tendance Numéro 1 – De l’importance des schémas directeurs dans un environnement VUCA.
Guerre en Ukraine, vagues successives de COVID-19, pressions sur l’approvisionnement énergétique, inflation et baisse de pouvoir d’achat, craintes géopolitiques mondiales, changement climatique, incertitudes sur la croissance économique chinoise, « grande démission » dans certains pays… Il n’est plus à démontrer que nous évoluons dans un environnement constamment incertain et mouvant. C’est le fameux « VUCA » qui impose une refonte des Supply Chain et nécessite la construction de nouveaux schémas directeurs en support de la stratégie des entreprises.
La majorité des entreprises est en train de se réorganiser avec des plans sur deux ou trois ans. Les questions qui devront être posées par de nombreuses directions générales en 2023 sont structurantes : quels réseaux de distribution ? quels investissements dans des solutions d’automatisation/mécanisation ? vers une politique de relocalisation ? une nécessaire réorganisation RH ? quelle stratégie de planification ? quel dimensionnement des sites ? comment améliorer le niveau de service client ?
Face à des délais de transmission de l’information raccourcis, les dirigeants doivent adopter rapidement des méthodes de planification plus agiles et plus réactives. Les crises et les imprévus ne doivent pas bouleverser complétement et systématiquement la feuille de route du schéma directeur, mais ils doivent au contraire permettent d’accélérer ou de ralentir certains grands projets (à l’image du confinement en 2020 qui a poussé de nombreux retailers à hâter leur développement e-commerce).
La démarche S&OP et les méthodes de scénario planning ne servent plus seulement à la prise de décision Supply Chain mais ils sont devenus des outils de direction générale qui aident à définir les orientations stratégiques de l’entreprise. Dans ce contexte, les entreprises vont donc certainement devoir investir dans leurs systèmes d’information (via des logiciels de prévision notamment). Ces derniers vont prendre encore plus d’importance et vont, selon nous, venir se greffer dans la réflexion globale des schémas directeurs à la même hauteur que la problématique des flux.
Vous avez un projet de redéfinition de vos schémas directeurs ?
Tendance Numéro 2 – Vers une relation plus durable entre le donneur d’ordres et ses prestataires Transport et Logistique.
Les démarches de sous-traitance des activités Transport et Logistique dans nos environnements troublés et incertains amènent les entreprises à devoir construire de vrais partenariats avec les PSL. Ce qui faisait partie des bonnes pratiques va devenir quasiment une obligation dans ces secteurs touchés au premier chef par les pénuries de ressources et de compétences, sans quoi il faudra envisager des surcoûts importants et des interruptions de service.
L’appel d’offres conduit par les achats avec la recherche du moins-disant n’est plus d’actualité : le rapport de force donneur d’ordres / sous-traitant s’est inversé au bénéfice de ces derniers. La dimension tarifaire est complétée par la mise au point de modes opératoires de gestion et principes d’ajustements contractuels. Il est évident que la durée de l’engagement réciproque est clef, tout comme le poids des acteurs l’un par rapport à l’autre.
Il est désormais nécessaire d’envisager la relation contractuelle comme une relation durable et de confiance. Cela se construit lors des échanges menés au moment de la réponse à l’appel d’offres à la fois sur les données, leur prévisibilité, les champs d’incertitudes et d’aléas possibles. Cette approche doit rester à l’ordre du jour des comités de gestion, ces réunions indispensables à avoir régulièrement entre contractants.
Cela ne surprendra donc personne que les données du cahier des charges (volumes d’activités, périodicité, typologie des flux,…) qu’on qualifie souvent de base de référence du contrat soient au cœur des préoccupations de tous. Leur mesure, d’ailleurs souvent plus précise quand elle est faite par le prestataire, et leur ajustement, permettent de rechercher la meilleure adéquation charge-capacité, garantissant ainsi les meilleurs niveaux de productivité et de service. Le passage en revue des anomalies et non-conformités et bien sûr leur traitement (curatif et préventif) complétera logiquement le dispositif.
La relation de proximité et de confiance ainsi établie permettra également de réagir de manière concertée et factuelle lors de tout aléa, renversement de tendance ou crise.
Vous avez besoin d’être accompagné pour vos appels d’offres ?
Tendance Numéro 3 – La Supply Chain doit prendre l’initiative sur ses projets data.
Ce n’est pas nouveau, la data (sa collecte, son traitement et son analyse) est une source majeure de création de valeur et d’optimisation pour les entreprises. Ce qui va changer dans les mois qui viennent, c’est qu’il ne s’agit plus désormais de « parler » de data mais il faut véritablement « passer à l’action » pour transformer les données en avantage concurrentiel. Il est temps de sortir d’une vision technologique de la data afin de la mettre au service de la prise de décision des Métiers.
Toute entreprise, peu importe sa taille et son activité, doit investir pour accélérer et gagner en maturité sur les sujets data. OMS, TMS, WMS, blockchain, intelligence artificielle, jumeaux numériques, etc. sont autant de technologies qui fiabilisent les processus de la Supply Chain, augmentent l’efficacité et réduisent les coûts en misant sur les données. Bien souvent, les données sont déjà présentes dans les organisations mais elles sont peu, voire pas exploitées. En général, il est donc possible de réaliser rapidement des analyses ou des améliorations, sans passer par une longue et pénible phase de collecte de données. Cependant, la qualité de la donnée reste un facteur crucial à la réussite de tout projet.
Avant de se lancer, il va être nécessaire de développer une « culture data » auprès des dirigeants et de prendre en compte les experts Métiers qui doivent rester maîtres des données. L’intégration des utilisateurs directs de la donnée dès l’amont des projets data est prépondérante à leur réussite et à la bonne compréhension des besoins et enjeux Supply Chain. De manière générale, il ne faut jamais négliger l’importance de l’Humain et de la gestion du changement dans les projets de transformation.
Concrètement, il faut savoir évaluer ses contraintes et sa maturité sur les sujets data et ne pas être trop ambitieux en se lançant tête baissée dans de trop gros projets voués à l’échec. Il faut au contraire prendre le temps d’identifier les projets à forte valeur ajoutée qui pourront « embarquer » l’entreprise et ouvrir les cas d’usages possibles.
Vous avez besoin d’aide pour vos projets data ?
Tendance Numéro 4 – La mutualisation des flux de livraison pour une nouvelle logistique urbaine.
L’essor du e-commerce, du quick commerce, de la livraison de repas à domicile, des drive piétons ou encore du « ship from store » a transformé la logistique urbaine : il y a désormais autant de points de livraison que de foyers dans nos cités ! Cette augmentation du transport de petits colis provoque congestion du trafic, nuisances sonores et pollution, ce n’est plus tenable sur le long terme. Dès 2023, de nouveaux modèles de logistique urbaine doivent émerger pour désengorger les villes : la mutualisation des flux de marchandises s’impose comme la seule solution efficace pour limiter le nombre de véhicules dans les rues.
Pour se développer, cette solution doit pouvoir s’appuyer sur :
- Des réseaux de distribution du dernier kilomètre et de collecte du premier kilomètre en mobilité douce et notamment la cyclo-logistique
- Des hubs logistiques urbains qui auront des fonctions autant d’éclatement que de préparation de commandes
- Des systèmes de stockage hautement modulaires, densifiés et automatisés pour rentabiliser le foncier
- Une digitalisation forte des processus pour gagner en visibilité temps réel : stocks unifiés, traitement des commandes et expérience client améliorée
- Une prise en compte de la logistique des retours
Afin que cette nouvelle logistique urbaine se mette en place, il faudra surtout que les schémas directeurs évoluent pour délivrer une véritable omnicanalité sans coutures (voir notre tendance 1).
Vous avez besoin d’être accompagné dans la mise en place de vos projets logistique urbaine ?
Tendance Numéro 5 – L’optimisation du Transport est toujours un enjeu prioritaire.
En 2023, la gestion des activités de transports devra encore se faire avec beaucoup de zones d’incertitudes et de risques. Les phénomènes constatés en 2022 vont se poursuivre, et notamment :
- La surenchère des coûts liés tant à la flambée des prix de l’énergie (électricité, gasoil, gaz) et aux problèmes d’approvisionnement en carburant, qu’aux exigences salariales à la hausse.
- De multiples chantiers complémentaires à prendre à bras le corps par les transporteurs, les pouvoirs publics et les entreprises industrielles et de distribution : transition énergétique, Zones à Faibles Emissions, attractivité des métiers et recrutement, Système modulaire européen-EMS, pénibilité du travail et gestion des fins de carrière…
- L’inflation et la baisse des volumes transportés (avec en corollaire des problématiques de surstockage et d’entrepôts pleins) voire la fermeture d’entreprises (distribution, commerce,…).
- Un stand-by des investissements et renouvellements de flotte faute de visibilité sur les politiques nationales et européennes (énergies, motorisations) et de réponses claires des constructeurs.
Tous ces phénomènes ont pour résultats des négociations compliquées entre les donneurs d’ordre et les transporteurs (voir la tendance 2 développée dans cet article) ! Et nous n’évoquons là que la situation domestique, sans élargir aux impacts de la guerre en Ukraine et des tensions géopolitiques mondiales…
Il va néanmoins falloir avancer dans un tel environnement « flou » et « changeant » devenu notre quotidien. Les actions qu’il faudrait selon nous lancer et/ou accélérer en 2023 sont nombreuses :
- Revisiter nos processus et outils de transport à défaut d’utiliser les leviers de négociations.
- Nous projeter pour les solutions d’organisation tant urbaines, durables qu’omnicanales pour ne pas rester immobiles et être prêts à investir le moment venu.
- Développer le dialogue entre toutes les parties prenantes et se préparer au partage des données.
- Et se faire accompagner pour ce faire d’une veille permanente et ciblée.
Vous avez besoin d’être accompagné dans l’optimisation de vos coûts de transport ?
Tendance Numéro 6 – Une nouvelle donne pour le recrutement en Supply Chain.
Depuis plusieurs années déjà, les acteurs subissent une pénurie de compétences dans les métiers du Transport, de la Logistique et de la Supply Chain. La pandémie a renforcé ce phénomène et complexifié les recrutements, en donnant plus de poids aux nouvelles attentes des candidats que nous pressentions dès la dernière décennie.
Nous constatons aujourd’hui :
- Des exigences des candidats à la hausse en termes de rémunérations d’où un risque de déséquilibre avec les grilles appliquées aux salariés en place, et une vraie difficulté pour positionner les nouveaux métiers orientés sur la digitalisation de nos activités.
- Une recherche d’équilibre professionnel/privé, présentiel/télétravail qui touche toutes les générations. Les valeurs et la politique RSE de l’entreprise (y compris ETI et PME) sont déterminantes pour le candidat.
- Des bons candidats chassés de plus en plus vite ou simplement recrutés dès leur arrivée sur le marché. Et une mobilité accrue (même en période d’essai) si la promesse n’est pas tenue.
Afin de réussir le ‘bon recrutement’ du premier coup en prenant en compte toutes ces dimensions, les méthodes de recrutement vont devoir accélérer leur évolution. Cela passera par un travail précis et en amont sur les postes et profils recherchés dans une volonté de cohérence individuelle et collective. Il va devenir nécessaire de réaliser une analyse du marché et des rémunérations ainsi qu’un ‘assessment’ des candidats et des membres de l’organisation pour s’assurer que le candidat concorde avec l’ADN de l’équipe qu’il rejoint. Le professionnalisme du recruteur et les outils de ‘profilage’ existants sont des prérequis. Il nous parait désormais essentiel d’en passer par là.
Nous notons enfin que l’attractivité récente des activités de conception, organisation et pilotage de la Supply Chain (névralgiques pour l’économie, fondamentales pour l’écologie) n’a pas encore d’impact sur les compétences disponibles. Les étudiants (écoles d’ingénieurs et de commerce) qui ont fait le choix de ces spécialisations ne sont pas encore présents sur le marché du travail. Néanmoins une bonne nouvelle pour l’avenir !
Vous avez besoin d’être accompagné dans le recrutement en Supply Chain ?